L’écrivain national sera t-il le roman de l’été ? 

Le voilà. Je l’attendais et il est venu. Ce roman qui te prend sur ton transat, qui te donne envie de sortir de la piscine ou d’écourter ta sieste. C’est l’histoire d’un écrivain, « national » comme aime à le répéter le Maire d’une petite ville bourgade du Centre de la France, dans laquelle il a été invité « en résidence » pendant un mois sur l’initiative des deux sympathiques libraires locaux.   Idée intéressante : rencontre avec les lecteurs, écriture d’une chronique dans le journal local « La Voix du Centre » , participation à des manifestations etc… 

  
Sauf que celui qui avait peur de s’ennuyer mortellement va vivre une aventure des plus palpitantes dans laquelle on va plonger avec lui. Quelques jours avant son arrivée, un vieillard mysterieux mais  soi-disant richissime habitant la forêt a disparu. Un couple de marginaux est immédiatement soupçonné, et l’écrivain national ne trouve rien de mieux à faire que d’être irresistiblement attiré par Dora, la jeune hongroise  de ce couple, vite relâchée par la Police au contraire de son compagnon. 

Dans ce bouquin, il y a tout. C’est d’abord un sacré polar. Une belle enquête avec pour toile de fond la construction possible d’une scierie ultra moderne dans la forêt proche de ce patelin paumé. Une scierie créatrice d’emplois mais devastratrice pour les forêts et que les écologistes veulent combattre à tout prix. C’est l’histoire d’un fait divers pas comme les autres qui déchire la ville. 
« Dans la rubrique des faits divers on sent la chair qui palpite, la vie au bord du gouffre, qu’il y soit question de crime ou de vol, de coup de sang ou de disparition, c’est toujours la vie poussée jusqu’à l’excès, des existences saccagées par la folie meurtrière ou la passion, par le désir ou la colère, de simples mortels emportés trop loin par leur destin »

Ce bouquin , c’est aussi la rencontre d’une petite ville de Province, sa bourgeoisie (on pense aux films de Chabrol), ses réseaux, son petit monde (le maire, les notables, les commerçants, les gendarmes….) . Ces petites villes où tout le monde se connaît , où tout le monde parle , où tout le monde se tait. 
Ce livre est le regard que l’on porte sur l’écrivain. Ces histoires qu’il raconte sont-ils ses histoires, ses inventions, des petits bouts de vies piqués aux autres, ce qu’il pense vraiment, ce qu’il n’ose avouer ? 

« En lisant un auteur, même s’il ne parle pas de lui dans son livre, on le sent partout à travers les lignes, on est tout le temps avec lui. Et moi, avec ce que j’ai vu de vous dans vos livres, je sais que je peux avoir confiance en vous »

Enfin, ce livre est  l’histoire d’une passion impossible, l’histoire du désir qu’on ne sait réfréner alors que l’on sait pertinemment qu’il ne mène à rien. 
« Dans la vie, c’est rare de faire demi-tour, c’est une idée qu’on garde en tête pour se rassurer, tout en sachant qu’au fond ça ne se peut jamais ». 

On sait que notre héros fait une connerie en suivant Dora, mais il le fait en dépit des conventions, contre les bien-pensants. A la fois pour connaître la vérité mais aussi pour découvrir la sienne.  Que l’on soit dans son deux pièces parisien ou au fin fond d’une forêt perdu, il est essentiel de trouver sa vérité. C’est fait. Merci Serge Joncour !