Eviter les péages , un premier roman plein de promesses… 

Il y a des romans que l’on achètent pour la qualité de leurs titres. C’est exactement le cas de « Eviter les péages » de Jérôme Colin. Bon, bien sûr, c’est piqué à Bashung, on sait . C’est même fait exprès voyez-vous, mais n’empêche : faire de ces paroles géniales un titre de livre, c’est une excellente idée. En tout cas, perso, ça a marché. Et qu’on ne vient pas me dire que je tombe facilement dans les pièges du marketing 😉 Bon, sinon, est-ce que le reste est au niveau ? La barre est haute. Pour son premier roman, le belge Jérôme Colin ne s’en tire vraiment pas mal. 

  
Notre héros est taxi par défaut. Un taxi bruxellois. En gros, il aurait pû faire autre chose, mais à un moment, il fallait nourrir la famille : une femme qu’il aime et de beaux enfants. Il est hypercondriaque (sa douleur a la couille gauche occupe d’ailleurs  une bonne partie des chapitres) mais il va finalement plutôt bien. Mais voilà, notre héros a 40 ans, et à 40 ans (ou à peu près), les hommes « crisent ». C’est parfois sans dommages, c’est parfois beau, touchant, émouvant. C’est parfois terrible, douloureux, insupportable.  C’est rarement sans traces et sans changements. C’est comme ça, c’est dans la nature des hommes. 

Ce roman, c’est cette histoire là. Evidemment, puisqu’il a 40 ans, notre taxi rencontre une femme , Marie, et avec Marie, il connaît des frissons qu’ils ne connaissaient plus. Bon, il rencontre aussi un homme mystérieux qu’il emmène 3 soirs par semaine à la même heure dans le même bar, mais ça, je ne vous le raconte pas, c’est l’histoire dans l’histoire, et elle est assez jolie. 

Au final, « Eviter les péages » raconte plutôt bien ces quelques semaines, ces quelques mois où l’homme  moderne de 40 ans peut basculer : les raisons qui le poussent à le faire ou celles qui le raisonnent. Il nous fait plonger ( nous homme moderne de 40 ans ) dans ce qu’on connaît ou ce qu’on a connu. On y lit beaucoup de nous. 

Bon, bien sûr, comme tout premier roman, j’y ai trouvé quelques petits défauts. Certes,  je ne suis pas critique de livres mais comme on m’autorise à faire semblant, j’ai pour ma part regretté ces longs passages sur l’intérêt et la pertinence de la masturbation. Quelques lignes pourquoi pas, mais quitte à perdre un peu de temps, j’aurai préféré par exemple en savoir un peu plus sur cette Marie. Certes, notre héros en tombe  raide dingue, mais on ne comprend pas vraiment pourquoi (on sait qu’elle a de belles dents , mais cela suffit-il à tout foutre en l’air ? ). Bon, j’exagère un peu, mais c’est vrai que j’aurais aimé personnellement creuser un peu plus les vie de tous ces personnages, que l’on survolent à peine. Au final, il y a une certaine distance avec eux et ce qui leur arrive nous importe peu. 

En tout cas, cela n’altère pas le plaisir que l’on prend à éviter les péages. Qui plus est, le roman est plein d’autres références musicales et cinématographiques de qualité (on vous prévient : visiblement, l’auteur n’aime pas Indochine ;-)) . On sait qu’un autre roman de Jérôme Colin est en préparation et qu’il parlera de nouveau d’amour. On l’attend.