Ma foi romantique pour l’écrit et le papier
Parce que je suis un passionné du digital et un farouche adepte des réseaux sociaux, certains ont vite fait de me cataloguer comme un ayathollah du net. Il est évident que je suis convaincu du virage profond que le web a provoqué dans notre métier, mais ce costume anti papier n’est pas le mien. Alors, oui, il est vrai, que sous l’impulsion de ma hiérarchie, et avec quelques réticences au départ je l’avoue, j’ai quasiment supprimé le prospectus papier des moyens de communication de Norauto. Non pas parce que je n’aime pas le papier mais parce que nous étions persaudés de son impact limité sur notre business pour la simple raison que l’automobiliste ne change pas subitement ses pneus parce qu’il reçoit dans sa boite aux lettres une promo 1 pneu acheté = 1 pneu gratuit . Je simplifie bien sûr, mais en gros c’est ça . Et je vous rassure, en 5 ans, malgré les résultats positifs, nous n’avions pas encore convaincu tout le monde 😉
Par ailleurs, si je limite forcément le nombre d’impressions papier aujourd’hui à la Mairie de Roubaix, ce n’est pas non plus pour brosser dans le sens du poil mon penchant pervers , non ! C’est parce que j’en ai eu marre dès mon arrivée de retrouver par centaines, voire par milliers, des flyers et brochures d’événements passés partout dans la ville. Ceux qui me connaissent bien savent même que je ne quitte jamais mes bons vieux cahiers et que je suis incapable de retenir quelque chose si je ne l’ai pas écrit de façon manuscrite. D’ailleurs, une étude faite auprès des étudiants californiens de Princeton a montré que les étudiants prenant leurs notes de cours à la main répondaient mieux aux questions que ceux qui utilisaient le clavier. Je suis fan des marques de cahier un peu sympas tels que « Le Cahier fait de la résistance » ou encore « Calepino », et je ne rentre jamais d’un voyage sans avoir déniché un magnifique carnet de note local. Celui que j’ai trouvé à l’entrée du Grand Bazar à Istanbul est sans doute l’un de mes biens les plus précieux. Le papier fait de la résistance , une nouvelle marque de carnets, qui fait du « militantisme » pour le papier et l’écriture sa marque de fabrique.
J’ai conscience toutefois que l’usage de l’écriture est en train de se perdre. Les mails ont remplacé les courriers , les sms ont remplacé les petits mots doux, le MMS supplante la carte postale, et dans le monde du travail, l’écriture manuscrite disparaît progressivement. Nous apprenions même cette semaine qu’à la rentrée scolaire 2016, les enfants finlandais n’apprendront plus à écrire manuellement ; l’Etat finlandais considérant que la maitrise de l’écriture sur clavier était désormais prioritaire à l’ère du numérique. https://m.actualitte.com/n/54025
Aux Etats-Unis, une réforme avait déjà supprimé l’enseignement obligatoire de l’écriture cursive au profit de l’ordinateur, et ce, malgré la controverse. Le grand journal « Los Angeles Times » s’en est félicité dans un éditorial évoquant même concernant l’écriture manuscrite « la foi d’une idée romantique ». Et bien c’est cette foi romantique qui fait que je m’insurge contre ces décisions . Je laisse les experts s’affronter à coups d’études scientifiques sur le bien fondé de l’une ou de l’autre , j’en reste à ma foi romantique; Ma foi romantique de prendre le temps de s’installer à la table d’un café en vacances et de s’échanger le stylo pour écrire les cartes postales de sa plus belle écriture. Ma foi romantique des petits mots doux qui circulaient dans les classes de lycées. Ma foi romantique de ces journaux intimes aux papiers jaunis par les années. Ma foi romantique pour ce carnet Moleskine (ou autre marque d’ailleurs ;-)) que l’on sort de sa poche pour noter une idée, un chiffre, une citation. Ma foi romantique pour ce crayon coincé à l’oreille de mon père quand il bricole. Je suis assez fier d’ailleurs qu’il existe en France un grand nombre de romantiques qui pour l’instant ne veulent pas remettre cela en question. Vive le romantisme !