Un instant d’abandon – Philippe Besson
C’est l’histoire d’un homme, Thomas Sheppard,un personnage chahuté par les flots de la vie, un personnage dont on ne sait pas grand chose au début sauf qu’il revient dans sa petite ville, sur la côte, au bord de la mer, après un long exil. Peu à peu, on comprend qu’il y a quelques années, il est parti du port de cette même ville avec son enfant alors qu’un avis de tempête vient d’être lancé, et qu’il est revenu seul le soir dans son bateau. Un accident.
C’est donc un « monstre » qui revient sur les lieux, car il n’avait que là à aller, comme une épreuve pour une renaissance ; Et ce monstre va nous parler … de l’amour, de la vie, de l’enfermement, des souvenirs, de l’amitié.
Abandonné par tous les habitants du village, il se rapproche toutefois de deux commerçants auprès de qui il se confesse. Rajiv, l’épicier pakistanais va tout connaître sur la disparition de l’enfant et Betty va comprendre pourquoi il est rentré au pays.
Le charme de ce roman très âpre, très dur vient justement de, de ce chemin de croix que l’on suit avec Thomas Sheppard. Pour aimer « Un instant d’abandon » il faut se battre comme le personnage, contre soi-même, contre cette douleur décrite avec tant de poésie, avec l’aide de cette écriture si fluide. « Un instant d’abandon » baigne dans une athmosphère forte de douleur et c’est aussi une symphonie d’émotions qui nous submerge, un hymne à la rédemption, l’espoir d’une résurrection.
« Car le passé, je reviens avec, il est mon fardeau. Ce qui est survenu avant que les hommes de la grand-route viennent me chercher, c’est indissociable de moi. J’aurai beau avoir coupé tous les ponts, détaché tous les liens, rompu tous les ligaments, j’aurais beau m’être fabriqué une nouvelle virginité ou une identité toute neuve, ceux d’ici ne seraient pas du genre à perdre la mémoire. Ils se souviennent de tout et ils ne m’absoudront pas. Ils ne pratiquent pas la miséricorde ni l’oubli. L’amnistie ne fait pas partie de leur vocabulaire. »