« L’an prochain à Grenade », comme un malaise…

La lecture terminée de « L’an prochain à Grenade » de Gérard de Cortanze, je ressens comme un certain malaise. Le sentiment de m’être fait arnaqué. Oh certes, l’anarque n’est pas violente car je ne suis pas à 22 euros près  quand même mais je vois sourire d’ici Esther, la directrice de la médiathèque de Roubaix que j’entends dire « ah ces littéraires qui a-chè-tent leurs livres !! » 😉 Bon, mais c’est vrai que celui-là, j’aurais mieux fait de l’emprunter. Raison de plus pour aller prendre ma carte à la Médiathèque dès la rentrée, affreux que je suis !
grenade
L’arnaque -revenons-y- est toutefois réelle et j’en veux à l’éditeur qui sur le verso du bouquin décide de laisser quelques lignes : un extrait, un résumé, plus souvent un avant-goût. C’est un truc qui me fait vaguement penser à un journaliste qui fait un super article et qui se le fait pourrir par un rédacteur en chef qui décide d’un titre à la con pour attirer le chaland. Ici, on va plutôt dire que c’est l’inverse, même si c’est excessif.
Je m’explique, car je sens que ce n’est pas clair.
Le fameux  texte du verso , signée Albin Michel donc (le nom du coupable)  évoque  « un grand roman d’amour dans le Grenade de 1066  entre une jeune fille juive et un poète musulman » . Et là, allez savoir pourquoi, le truc m’intéresse.
Et là où je m’insurge, c’est que d’histoire d’amour il n’y point. Ou si peu ! « L’an prochain à Grenade » peut être qualifié de grand roman historique peut-être, mais certainement pas de grand roman d’amour. Alors, quand on est fleur bleue comme moi, c’est gênant.
Pire que ça, le roman de Gérard de Cortanze s’intéresse peu aux personnages et aux relations humaines. D’ailleurs, la mort d’Halim , le jeune amoureux musulman, passe inaperçu, comme un paragraphe intermédiaire entre deux massacres. Car dans ce livre, il est surtout question de massacre et de persécution contre les Juifs durant les 10 derniers siècles. (Car il faut savoir qu’une des particularités de la jeune juive , héroïne du roman, est de vivre plus de 10 siècles : une perf ! ).
Alors , par contre, je ne remets pas en question le travail en profondeur de l’écrivain (de l’historien ?) qui a dû faire des recherches monumentales pour arriver à cette accumulation de détails historiques et de descriptions de batailles , de lieux , de dates. Une accumulation qui frise l’overdose selon moi et qui rend l’ouvrage plus historique que romanesque.
Bien sûr, je ne jette pas tout. On ne sort pas non plus tout a fait indemne de ce bouquin : pourquoi cette haine depuis des siècles, pourquoi l’antisémitisme, pourquoi ces massacres et quel regard portons nous sur les événements contemporains qui ne laissent présager aucun avenir positif sur l’entrevue d’une possibilité que les différentes religions de ce monde cohabitent en harmonie.
Enfin , au delà de la déception que j’ai eu par rappiort à la promesse initiale, je suis aussi un peu géné aux entournures par la vision un peu manichéenne de l’ouvrage. Mais c’est un angle politique que je n’aborderai pas et que je laisserai chaque lecteur apprécier. Je retiens toutefois une chose  qui m’a frappé, et je m’en souviendrai car je ne le savais pas et , rien que pour ça, je ne le regrette pas de l’avoir lu :  dans le Talmud, on peut lire « qui sauve un homme sauve tous les hommes ». Dans le Coran, on lit « Qui sauve une vie sauve l’humanité toute entière ».
Sans commentaires.